Les neuf mois de la grossesse sont sensés être parmi les plus beaux de la vie d’une femme. Pourtant parfois, ce n’est pas le cas. J’ai été beaucoup touchée en lisant un article de Lucy Atkins dans le quotidien britannique le Guardian
D’après cet article de 2008, une femme sur 10 développe des troubles dépressifs durant sa grossesse. Ils s’expriment à des degrés différents mais il est apparemment plus courant de souffrir de troubles dépressifs quand on est enceinte de 32 semaines que quand on est maman d’un bébé de 8 semaines. Pourtant il me semble qu’on parle beaucoup de la dépression post-partum mais très peu de la dépression prénatale.
Cette dépression peut s’exprimer de façons multiples (crises d’anxiété, irritabilité, troubles obsessionnels compulsifs (TOC), agoraphobie et même pensées suicidaires) et avoir tout autant de causes (hormonales ou psychologiques : grossesse non planifiée, problèmes dans la relation de couple, fausse-couches ou tout autres traumatisme). Elle peut se développer chez des femmes qui n’ont eut aucun antécédent de fragilité psychologique jusqu’au moment de leur grossesse.
La journaliste du Guardian illustre son article de deux témoignages, l’un d’entre eux est celui de Jodie Santos une réalisatrice de documentaires qui a souffert de dépression durant sa première grossesse. Je vais essayer de vous le traduire le plus fidèlement possible :
– « For Santos, her profound sense of connection to her unborn child both inflated and soothed her depression: « I have read that being pregnant is the closest you’ll ever get to the other side, » says Santos, « with the soul inside of you straddling the worlds of darkness and light. Even in my most difficult moments, I have always felt this joy radiating from the life within me. »
– « Pour Santos, la connection profonde qu’elle ressentait vis à vis de son enfant a décuplé mais aussi apaisé sa dépression : « J’ai lu qu’être enceinte est ce qu’il y a de plus proche de l’autre monde » dit Santos « et l’autre petite âme que l’on a en soi chevauche à la fois le monde de l’ombre et de la lumière. Même dans mes moments les plus durs, j’ai toujours senti la joie irradier de la vie qui grandissait en moi » .
Partager de tels sentiments doit être proche de l’impossible, beaucoup de femmes admettent d’ailleurs ressentir une énorme pression de la part de leur environnement pour être (ou avoir l’air) heureuse. Lucy Atkins cite également Nicky Stanley, professeur en travail social à l’université centrale du Lancashire
– « It can be very hard to disclose depressed feelings during pregnancy, » she says. « The reactions can vary so widely. » While some midwives, health visitors and GPs are very supportive, « some women say they were treated condescendingly, or not taken seriously. »
– « Il peut être très difficile d’extérioriser des sentiments dépressifs durant la grossesse” dit-elle. « Les réactions peuvent varier très grandement. » Si certaines sages-femmes, visiteurs médicaux et médecins généralistes sont très compatissants « certaines femmes avouent avoir été traitées avec condescendance, ou ne pas avoir été prises au sérieux » ».
J’ai été suivie en Angleterre durant ma grossesse. Je me souviens clairement que les sages-femmes m’ont demandé si je me sentais déprimée lors des visites postnatales (qui se déroulent dans le mois après la naissance de son enfant). Par contre à aucun moment, cette question ne m’a été posée lorsque j’étais enceinte. Pourtant, être enceinte est sans doute l’une des choses les plus magnifique et les plus terrifiante à la fois. Pour être honnête, les questions posées pour détecter une potentielle dépression post-partum, l’ont été de façon maladroite et trop automatique. Comme beaucoup de femmes je me sentais un peu dépassée mais je n’aurai jamais partagé ce ressenti avec les sages-femmes. En tout cas pas de la manière dont le sujet a été abordé. Je ne les connaissais pas vraiment et n’aurai jamais réussi à m’ouvrir sur quelque chose de si intime avec des quasi- inconnues. C’est sans doute cette manière de penser, ma manière de penser qu’il faudrait faire évoluer. En tout cas les questions avaient au moins le mérite d’avoir été posées alors qu’elles ne l’ont jamais été durant mes visites prénatales.
La dépression périnatale est un sujet très délicat que je ne fais qu’effleurer dans cet article. Je ne suis maman que depuis quelques mois mais en comptant ma grossesse, les douze derniers mois ont révélé un aspect de ma personne que je ne soupçonnais pas. J’ai ressenti et ressens encore une pression quotidienne pour être au comble du bonheur en tant que jeune maman mais rien n’est jamais aussi simple. Il y a des jours magnifiques et d’autres, quand il fait ses dents par exemple 😉 , qui le sont beaucoup moins. Je crois qu’il est important de déculpabiliser les jeunes mamans en en parlant un maximum…
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