La fille à la trottinette

J’ai croisé une ancienne collègue de boulot samedi après-midi. J’étais avec mon petit homme qui s’est réfugié derrière mes jambes dès que je lui ai dit de saluer la dame. Ma collègue m’a dit qu’elle ne l’aurait jamais reconnu sans sa trottinette. Et oui … il faut dire que pendant 2 ans, 24 mois, 730 jours et des poussières j’ai trimballé la trottinette de mon fils partout. Y compris au boulot.

Je dois dire que ce n’était pas tous les jours gérables. A chaque réunion à Londres je demandais à la receptioniste si elle pouvait garder ma trottinette. Les reactions étaient toujours intéréssantes… et j’ai toujours laissé une impression ?mais bon… après 3 ans de poussette avant et après le boulot, dans le métro et dans le bus, dans le restaurant et dans les supermarchés ;  la trottinette c’etait une vraie avancée. 

Ce fut – je dois dire – une transition difficile pour mon fils. Il ne pouvait plus roupiller tranquilement et bien au chaud dans sa « petite chaise à porteur ». Mais tous les matins, je tirais sa trottinette avec une lanière micro-scooter pour le déposer à l’école maternelle. Moins pratique que pousser la poussette mais mon fils contribuait à l’effort dans les montées donc un léger mieux! Oui il y a des fois où je me suis dit que ces 6 kms en voiture ce serait plus facile qu’a pied mais… on fait avec ce qu’on a.

Et puis comme l’école maternelle ferme à 3.30 et qu’il allait direct au centre aéré après l’école;  j’étais obligée de prendre la trottinette avec moi au boulot. J’ai bien essayé durant ces deux années de changer sa routine matinale mais à chaque fois avec de « terriiiiiiiibles » conséquences : d’énormes colères! Alors dans l’empressement matinal j’ai laissé trainer les choses.

Au travail on me connaissait comme la fille à la trottinette. J’ai toujours penser qu’il était évident que le trottinette était à mon fils. J’ai en fait compris bien plus tard qu’il y avait confusion sur le véritable propriétaire de la trottinette.

La première fois, après la journée famille de ma boite. Le lundi quelques un de mes collègues m’ont dit qu’ils ne savaient pas que j’avais un fils. Je les ai regardés l’air interloqué. Ça faisait plus d’un an que je venais au bureau avec une trottinette en bandoulière… ils pensaient vraiment qu’elle était à moi ?!

La deuxième fois quand l’un des membres du comité exécutif de ma boite m’a fait la même réflexion. J’ai eu ce même air interloqué mais pas j’ai pas osé le contredire.

Et puis j’ai changé de boulot et mon fils mon fils partait en vacances pour trois semaines chez son père. Il a tellement grandit en deux ans que je me trouvais à tirer 20 kg en trottinette pendant 3km aller/retour. Oui je sais il aurait pu faire de la trottinette sans mon aide mais j’aurais raté mon train à la vitesse où il allait…
J’ai donc caché la trottinette à la rentrée et miracle… il a appris à marcher tous les matins pour aller à l’école. Oui il y a eu quelques ratés mais je me suis obstinée. Et puis moi aussi j’etais prête à le laisser marcher à l’ecole comme un grand. 

Maintenant tous les matins je regarde le parking des trottinettes de l’école  en me rappelant avec nostalgie et bonheur que le temps de la trottinette est officiellement fini.
Aujourd’hui la trottinette est rangée tristement dans un coin de l’entrée.  Le père de mon fils lui en a acheté une pour “grand” (à deux roues) il y a quelques semaines. Elle est restée à Paris. Quand il m’a demandé si je la voulais pour Londres, j’ai botté en touche. Je lui ai dit de demander à notre fils et… il est rentré sans sa trottinette de grand. Ouf !!! Je me suis très bien faite à ma vie sans trottinette moi ?