Belle fin de matinée, je joue avec mon fils. Les cartes mementos sont étalées par terre, ainsi qu’une de mi- douzaine de voitures, du papier et des crayons… Le salon est transformé en salle de jeux. Mon fils, feutres en main, m’annoncent d’un air déterminé qu’il va dessiner sur les murs. Moi pas super chaude pour cet élan d’expression artistique lui réponds « non attend je vais chercher du « blue-tack » pour que tu puisses dessiner sur des feuilles de papier collées au mur. » Il acquiesce, je sais j’ai des grands talents de négociation !
Je tourne les talons, monte les trois marches vers la cuisine, attrape le « blue tack » et redescends les marches le plus rapidement possible (des fois que mon fils ne change d’avis) et là, pour reprendre ses mots plein de sagesse « I’ve slipped and Bam ! ». Je ne sais pas quel est le jouet qui a contribué à ma chute, mais j’ai bien senti mon genou partir dans une direction que je qualifierai de « peu naturelle » avant de me prendre les pieds dans un fauteuil ; modifiant de façon déterminante l’axe de ma chute.
Les coudes couverts de sang, le cœur au bord des lèvres et tremblante comme une feuille j’essaie pendant une seconde de retenir mes larmes. Cause perdue, j’éclate en sanglot. Mon fils acourt vers moi et criant « what’s happenned maman, what’s happened ?!». Je reprends mes esprits aussi vite que possible, sèche mes larmes et lui dis le plus calmement possible « je me suis fait mal au genou ». Il s’accroupit et pose sur mes genoux des bisous magiques en me regardant plein d’angoisse et de tendresse et me demandant « better, maman ? ». En fait pas trop, non, mais je ne lui dis pas.
Assise par terre je respire profondément et me traine vers la chambre pour m’asseoir sur le siège d’ordinateur. Je roule vers le salon où mon fils s’est remis à jouer tranquillement. Je prends mon courage à deux mains et j’essaie de me lever. Peine perdue.
Quelques coups de téléphone plus tard et je me résigne à appeler les urgences médicales qui me signalent qu’il faut que j’aille aux urgences dans les quatre prochaines heures. OK, ça va être sympa à organiser tout ça : c’est le week-end de Pâques et je suis toute seule avec mon fils. Après une demi-douzaine de coups de fils, j’entends les voisins du dessus. Je me résous au fait que c’est sans doute ma meilleure chance de trouver quelqu’un pour s’occuper du petit bout pendant que je vais aux urgences. Je lui allume la télé, lui mets un dessin-animé et lui explique que je vais chez les voisins.
Je monte les escaliers sur les fesses, frappe à la porte des voisins et une demi-heure plus tard je suis aux urgences avec mon voisin pendant que sa femme s’occupe de mon fils. Deux heures plus tard et je suis à la maison le genou en attelle et béquilles en main.
S’en suivent quatre semaines de béquilles et quelques semaines à boiter. S’occuper d’un petit garçon de trois ans quand on ne peut pas marcher n’est pas tout à fait une sinécure… sans la visite surprise de mon père venu m’aider les dix premiers jours, ça aurait été compliqué. Oui parceque sans arrêt de travail (merci la NHS) ; je me suis tapée métro-boulot-dodo tous les jours.
Ma conclusion ? J’ai de la chance !
> Parceque j’ai entendu une bonne dizaine d’histoires de ruptures du tendon collatéral externe du genou avec six mois de rééducation. Et ben j’aurai pas été dans la mouise ! Si mon fauteuil n’avait pas été dans le chemin, au lieu de coudes couverts de bleus et tout ensanglantés, mon tendon aurait sans doute pas survécu…
> Parceque les béquilles, je ne les ai utilisées que quelques semaines.
– ne pas pouvoir prendre les escaliers. Faire un détour de 10 minutes pour découvrir que l’ascenseur est ne panne pffff
– ne pas pouvoir aller faire un petit tour pour prendre l’air parceque se déplacer de 200 mètres prend trois plombes et qu’on a les mains qui protestent d’avoir à supporter tout le poids de son corps
-se prendre la porte dans le nez parceque la personne devant vous ne vous a pas calculé et que vous n’avez pas les mains libres
– ne pas pouvoir porter son plateau à la cantine et devoir dépendre de l’autre pour tous ses moindres faits et gestes
– devoir se taper les soupirs de la personne qui est assise dans le siège pour personnes à mobilité réduite, parcequ’on leur demande de céder leur place …
> Parceque parfois c’est difficile d’être une maman solo et que si monter les escaliers sur les fesses pour demander aux voisins de s’occuper de mon fils pendant que j’allais à l’hôpital n’était pas spécialement mon jour – ce n’était qu’un moment furtif de ma vie quand tellement de personnes font face à ces problèmes au quotidien. Bref, j’ai de la chance !
ce week end je me demandais justement comment on ferai si je me casais une jambe ou autre et que je devais être en bequilles. et bien quelle galère !
Du coup j’ai relu mon article. Oh la galère, en plus ça fait mal pendant des semaines… n’empêche, la bouille de mon fils tous les matins « your crutches maman! » Et il m’aidait à sortir du lit mon petit homme ♡
Pfiou! Tu m’as fait monte les larmes aux yeux!
J’espere que tout ca ne sera bientot plus qu’un mauvais souvenir! courage! xx
larmes aux yeux?! au zut j’ai fait ma cosette alors 😉 En tou cas merci de ton gentil message; ça va maintenant je ne boite presque plus! et franchement, au final j’ai de la chance. Six semaines à galerer un peu, ça met les choses en perspective!
Hello! c’est chouette tu as pu avoir de l’aide de ton papa, C’est ma hantise ça d’être immobilisée et de devoir gérer toute la logistique seule avec les 3 nains!
oui c’est une de ces situations où on se dit qu’on peut pas gerer toute seule et en fait avec l’aide de quelques personnes on y arrive… Quand on a pas le choix 😉 Mais j’ai de la chance que mon pere soit venu aider, c’est clair!