Londres-Nimes en train – un voyage pas (tout à fait) comme les autres

eurostar12h39 le 20 décembre à Londres, gare de saint Pancras. Après 10 minutes de marche et un changement de métro, nous allons enfin embarquer. Je me dirige vers  le coin assistance pour voir si on peut nous aider. Oui parceque j ‘ai décidé de prendre la poussette, juste au cas pour la correspondance à Paris: le RER avec mon  fils de 3 ans et une grosse valise… c’est le genre de situation qui met en marche mon alarme interne : « attention danger imminent »

L’EPISODE EUROSTAR

Bon au final la dame d’Eurostar peut pas grand faire grand-chose pour moi mais elle fait notre enregistrement en express. C’est toujours ça de gagné, non ? En plus mon fils a gagné un magnifique autocollant Eurostar au passage. Le bonheur !

Nous voilà donc arrivés 45 minutes avant le départ de notre train. La classe, je dirais même plus… La super classe (15 minutes avant les 30 minutes requises par Eurostar)! Je consulte les affichages pour voir sur quel quai mon train part et la… BOUM : 40 minutes de retard.

Oui, vous allez me dire c’est pas grand-chose ? Sauf que moi j’ai qu’une heure quinze pour aller de garde de Nord à gare de Lyon. Du coup ça me laisse que 25 minutes et le temps conseillé pour un transfert entre les deux gares est une demi-heure.« noooooooooooooooooooooooooooooooooooon ! » ça c’est mon cri intérieur a l’instant « T » ou j’ai découvert que tout ne commençait pas sous les meilleures augures   mais mon petit french boy me regarde en rigolant et décidé de tester le facteur de « glissabilité » du parquet de la salle d’embarquement Eurostar. Il s’avère, au cas où ça vous intéresse, qu’il n’est pas très glissant mais super salissant…

Je vais donc faire la queue au service clients. La dame Eurostar inspecte mes billets et tamponne le billet Eurostar en me disant
« You’ll be able to board on the next train at no cost »
Bon je peux pas dire que j’étais ravie à l’idée d’arriver en gare de Nîmes à 23.15au lieu de 18.00 mais après trois ans de formation intensive dans l’art du zen  je le prends raisonnablement bien : j’inspire, j’expire… pffffff

1 heure et demi à poiroter dans le hall avec mon fils. … Je peux dire avec fierté qu’on a laissé un parquet brillant de propreté ! Mon fils s’est entête à prendre le sol pour une patinoire et moi toute dépitée par la perspective de 12 heures de voyage avec un gamin monté sur ressort ; je le regardais l’air absent en lui disant de manière répétitive tel un vieux 45 tours tout rayé :
« non, ne te jette pas par terre.
Non c’est pas « funny, maman.
Arrête ! » Enfin vous voyez le truc.

Le voyage s’est plutôt bien passé. Bon je me suis promise que c’était la dernière fois que je prenais une place de train pour deux. Je suis un peu fauchée c’est clair mais la quand même c’est là c’est plus possible.

Mon fils pour protester de son vif mécontentement dû au partage de siège a fini par se coucher par terre dans le couloir pour faire sa sieste. Certains passagers étaient coopératifs et l’enjambait gentiment d’autres me faisaient les gros yeux (oui je comprends mais après deux essais infructueux de partage de siège dont tout le wagon a pu profiter et une demi-heure assise par terre mon fils a voulu échangé nos postes et moi l’espace d’un instant j’ai capitulé.

On arrive à Paris Gare de Lyon avec 50 minutes de retard. Je suis mal, je suis super mal… Je demande au contrôleur quelle est  la marche à suivre quand on rate son train. Il m’explique et me dit :
« ne vous inquiétez pas Madame, ils vous mettront gratuitement dans le prochain train »

L’EPISODE DE L’ESCALATOR EN GARE DU NORD

Ça fait 6 heures qu’on a quitté la maison ; mon fils n’est pas d’humeur à marcher. Je déplie la poussette, il saute dedans à pieds joint. Je fonce, la poussette dans une main et la valise dans l’autre. Tel un 4×4 se faufilant dans les rues étroites du centre-ville (ou un Elephanta dans un magasin de porcelaine) ; j’essaie de me faufiler entre les voyageurs. Je me fais copieusement insulter par une ou deux personnes. Je dis « sorry » (je sais pas pourquoi je suis en France, l’habitude sans doute). Je continue mon chemin. J’arrive devant les barrières du RER bagage et poussette en main. Y a une dame avec son fils. Ils s’amusent drôlement  avec le ticket, les portes…. Moi ça ne m’amuse pas, j’ai un train à prendre, si je pouvais éviter d’arriver à 23 heures. J’inspire, j’expire. C’est pas leur faute. Le visage fermé et l’air déterminé je mets mon ticket dans la machine et me dirige vers l’escalator.

L’escalator est hors d’état de marche. Je m’arrête une seconde l’air perplexe avec ma poussette et ma valise. Mon fils crie « Maman. Bouge ! » Les gens me bousculent, je suis au milieu, je gêne. Je fais demi-tour, me dirige vers le prochain escalator (s’il existe). Je le trouve,  fait un « créneau poussette », cale ma valise dernière moi. C’est serre, beaucoup plus serré que d’habitude. C’est moi ou les escalators du RER sont moins larges que les escalators de métro londonien ?
Perdue dans mes réflexions hautement philosophiques je remarque à peine le petit clic, suivi d’un ralentissement et de l’arrêt total de l’escalator. Du coin de l’œil je vois mon RER. Si je l’attrape pas. Je vais rater mon train. C’est quasi sur.

L’escalator ne bouge pas. Je fais comment moi avec la poussette et ma valise ? Les gens me bousculent, je sens mes yeux se remplir de larmes. J’inspire, et j’expire. Je regarde derrière moi et là deux jeunes-hommes m’interpellent et me dise « on peut vous aider Madame ? »

Je ravale mes larmes, les regarde en souriant et leur dis « ah oui si vous pouviez ce serait vraiment très gentil ». Y en a un qui prend ma valise et l’autre qui soulève l’extrémité de ma poussette. IL est fort et a de grandes jambes. J’arrive à peine à suivre la cadence, j’ai peur de me casser la figure dans les escaliers. Il me regarde furtivement me dit « au revoir Madame » et saute dans le RER. Mon RER. Celui que je ne devais pas rater si je comptais prendre le train de 18h07. Je regarde le RER D s’éloigner lentement à coté de ma valise et de mon fils et me résigne à cette triste réalité. Je vais le rater là le train. 15 minutes avant l’heure de départ et le prochain RER est dans 10 Minutes !

L’EPISODE DU RER

Le RER arrive, les quais sont bondés. Je me dirige vers la porte quand je me rends compte avec effroi qu’il y a ce que je ne peux qu’appeler une cage à poussette. C’est tellement étroit que ma poussette nuna va à peine pouvoir passer. Je  regarde mon fils les yeux plein d’appréhension et lui demande de monter dans le train. Je lui tiens la main ; monte la valise et laisse la poussette sur le quai. Mon fils s’enfuit vers l’intérieur du wagon je lui crie dessus, « reviens tout de suite ». Je lâche ma valise ; attrape le manche de ma poussette pendant que mon fils se tient de moi les yeux plein de larmes prêt à hurler. La poussette ne passe pas elle est coincée. Je la secoue. Les gens me bousculent, me rentre dedans, pousse mon fils et ses grosses larmes de crocodile.

Et là une dame, la petite cinquantaine au sourire franc et au rire chaleureux attrape ma poussette avec une dextérité hors du commun et  me la met dans le wagon. J’accueille son « voila madame » avec un sourire résigné et un grand « merci » plein de reconnaissance.

Mon fils a séché ses larmes et tient à descendre les escaliers pour aller s’asseoir en bas. Je finis par céder en lui disant de ma voix la plus menaçante :
«OK mais dans ce siège juste en bas des escaliers et tu ne bouges pas ». Il s’exécute. Deux arrêts plus tard, même galère. Ma sauveuse de la gare de Nord est sortie à Chatelet les Halles. Je décide d’adopter la meilleur des techniques. Je me mets devant et je bloque tout le monde. Je me fais incendier mais on me descend d’un air menaçant ma poussette et mon sac. Pour ce qui est de mon fils, je le tiens fermement par la main. Je regarde l’heure. 18h05. Mon train part dans 2 minutes. Ah si seulement il avait du retard. Je décide de courir – juste au cas où. Je prends les escalators avec tout autant de problème qu’en gare de Lyon. Cette fois c’est sûr. Ils sont plus étroits qu’à Londres. Je cours, je tousse. J’ai les joues toutes rouges, j’attrape ma ventoline pour reprendre mon souffle. J’arrive sur les quais. IL est 18h09. Mon train est parti.

L’EPISODE  T’AURAIS PAS DU RESERVER AVEC IDTGV

Résignée, l’échine courbée par la frustration, je me dirige vers le point d’information à l’autre bout de la gare. Je me faufile dans la gare, mon fils voit des ballons Père Noel. Il en veut un. Je lui dis non, il pleure. J’entre dans le point info et là le charmant jeune homme me regarde l’air dépité.

« Désolé madame, c’est un billet idTGV. Je peux rien faire ». Il passe quelques coups de fils. Mon fils pleure, moi… je me prends la tête dans les mains ; j’en ai marre je suis fatiguée, je veux manger. Les coups de fils sont infructueux.

Je me dirige vers les guichets dernières minutes. Il n’y a « que » 29 personnes devant moi. J’inspire, j’expire, j’inspire, j’expire. Mon fils épuisé fini par s’endormir, ses petites joues roses couvertes de larmes séchées. La dame de la SNCF m’informe qu’il n’y a que des billets première classe et que le billet le moins cher est à … 156€ et qu’elle peut pas me garantir qu’il n’ aura personne à côté de moi et puis comme j’acheté un seul ticket je ne suis pas sensée assoir mon fils dans un autre siège.

Il est 20h30, mon fils est endormi sur mes genoux. Une autre jeune maman a pris un ticket dernière minute et est assise à côté de mois. Sa petite fille qui doit avoir 7 ou 8 mois pleure. Je l’ai aidé à ranger sa poussette et ses sacs. Je la rassure et lui dis que je l’aiderai à descendre ses affaires en gare de Nîmes. Devant nous, il y a deux sièges vides. Je décide da changer de siège pour qu’on est tous les quatre plus de place.

Le TGV file a 300km/heure je m’endors pour quelques, 12 heures depuis mon départ. Ca y est je suis vaccinée la prochaine fois je pars en avion.

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Photo – source: http://filmus-monochromus.tumblr.com/

8 réponses à “Londres-Nimes en train – un voyage pas (tout à fait) comme les autres

  1. Waou! Je suis épatée par votre courage! C’est tellement dur ces situations! Je vis également à Londres depuis peu et j’ai déjà vécu les trajets eurostars et ça m’a aussi vacciné! Merci pour ce partage, c’est bien de savoir que l’on est pas toute seule à (sur)vivre à tout ça!

    • Merci. Ah pour les galères en voyage, je suis championne… Je crois qu’on est pas mal de mamans à souffrir du même problème!Faut avoir une bonne dose de zen 😉 J’espère que vous vous plaisez à Londres en tout cas!

  2. ben mince alors, je dois faire exactement ce même trajet en juillet, oups!

    • Alors un conseil pas de billet idTGV si tu prends une correspondance. Si il y a un problème tu l’as dans le baba 😉 Sinon j’ai fait ce trajet des dizaines de fois sans problèmes, t’inquiète pas!

  3. L’essentiel c’est d’arriver … Quelle aventure!!

  4. Pour un périple, c’est un périple! Ça m’a suffi de faire Dubai/Amsterdam/Barcelone seule en avion avec de la marge…

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