Le BREXIT et moi

 

Ça fait une dizaine d’années que je suis à Londres. Suffisamment longtemps pour me sentir plus franglaise que  française. Le BREXIT je le redoutais mais ne voulais pas y croire pourtant une semaine après le vote des britanniques je commence à m’y faire.

C’est l’une des ces journées dont on se rappelle. Il fait un temps atroce. Il pleut des cordes. Il fait chaud. L’humidité est étouffante. L’ambiance tendue. semaines auparavant, le premier ministre est passé au boulot. Il a fait son discours pro-européen. Il a parle du coup des vacances. Un journaliste de la BBC lui a posé quelques questions bien tranchantes mais au final c’était un exercice de campagne bien huilé. A ce moment là les sondage étaient  en faveur de la Grande Bretagne au sein de l’Union européenne.

Et puis… et puis les débats se sont tournés sur l’immigration et le vent a tourné. Le terrible meurtre de la politicienne Jo Cox une semaine avant le referendum a gelé tout les débats jusqu’au dimanche- 4 jours avant le vote. Un million de personnes sont allés à Glastonbury, l’euro 2016 bat son plein, Wimbledon approchait à grand pas.

Jeudi soir, je regarde la soirée électorale à la TV. Les sondages sont serrés. Vers 10.30, les premiers résultats indiquent une victoire du « remain ». Nigel Farage (extrême droite britannique) laisse indiquer que je n’ai plus de souci à me faire, que son camps a perdu. Je vais me coucher, je me suis fais du souci pour rien.

Le  lendemain je me réveille super tôt – il fait jour tôt l’été en Angleterre! J’ouvre péniblement ma paupière gauche en essayant de me rappeler si le réveil a sonné… il me semble que non. Je regarde mon téléphone, 5.02. Normalement je m’emmitouflerai sous la couette jusque 6.30 mais la je décide de regarder les commentaires sur le vote sur twitter. Ma twitter feed est pleine de commentaires exprimant honte et désarroi… Mon humeur s’assombrie, je vais sur le site de BBC news et là… Effroi et déception. Les britanniques ont décidé de quitter l’Union Européenne. Ma poitrine se serre. Je ne sais pas trop qu’en penser. Citoyenne européenne, payant mes impôts ici depuis des années, ayant eut mon fils dans un hôpital londonien sous le régime de la NHS, ayant fait ma vie ici, considérant la famille Royale un petit peu comme la mienne…Utilisant « on » a chaque fois que je parle de la Grande Bretagne, je n’ai pas eut mon mot à dire. Pour la première fois je ne me sens pas comme une citoyenne de l’Union Européenne vivant à Londres, je me sens comme une immigrée de l’Union Européenne vivant en Grande-Bretagne.

Je décide de me recoucher sans lire plus d’analyses politiques et économiques. Peut être qu’en me réveillant tout sera plus clair? Il est 6.30, j’allume France Info, c’est le flou le plus total.

Aujourd’hui ca fait une semaine que les résultats du référendum ont eut lieu. Le premier ministre a démissionné. Les conservateurs se battent pour la désignation du successeur de Cameron, sans vote. Ils ont la majorité au parlement. Un parlement qui est majoritairement contre le brexit, mais qui va – contre son gré – entamer les procédures (semble-t-il). Les travaillistes se cherchent un nouveau leader, même si Jeremy Corbyn ne semble pas vouloir démissionner de si tôt. Les murs de mes réseaux sociaux sont pleins de colère et d’incompréhension. IL semble que ce vote ne soit pas représentatifs de la tranche la plus jeune de la population qui n’est pas beaucoup allée voter et bien entendu – des deux millions de citoyens européens.

L’Écosse ne souhaite pas quitter l’Union Européenne mais l’Union Européenne souhaite lui imposer. La Grande-Bretagne, et non l’Ecosse est membre fe l’UE…
L’Irlande du Nord ne souhaite pas quitter l’Union Européenne mais va sans doute devoir à nouveau ériger une frontière avec la république d’Irlande si la Grande-Bretagne quitte l’UE.
Ce pays formé de l’Irlande du Nord, de l’Ecosse, des pays de Galle et de l’Angleterre est aujourd’hui fondamentalement divisé.

Et moi petite franglaise a Londres assiste impuissante à toutes ces discussions. Je dois avouer que quand j’entends la France dire à la Grande Bretagne de se dépêcher d’activer l’article 50 et de quitter l’UE, ça me serre le  cœur.

La Grande-Bretagne ne veut plus de l’Europe
et l’Europe ne veut plus de la Grande-Bretagne?
Je me souviens d’une époque glorieuse où le mur de Berlin tombait et le rideau de fer s’effondrait, une époque où un vent de liberté soufflait sur l’Europe.

Aujourd’hui on reconstruit les frontières. 

2 réponses à “Le BREXIT et moi

  1. Chacun aura bien entendu son mot à dire sur le sujet mais le mien est le suivant.

    D’abord pas de panique.

    Ensuite, je ne crois pas que les britanniques aient voté contre la présence des européens à Londres mais plus globalement contre une immigration incontrôlée, contre un élargissement sans fin, Merkel et Hollande viennent de dire que le retrait du RU de l’UE n’entamera en rien les négociations d’adhésion des pays des Balkans, donc encore plus d’élargissement, et surtout contre Bruxelles, critiquée aussi parmi les pays membres.

    Ensuite, la citoyenneté européenne n’existe pas. L’Europe n’est pas un pays, ce n’est pas une nation, ce n’est même pas un ensemble défini puisqu’il s’élargit sans cesse, et ce n’est pas une langue. Si toi et moi sommes français c’est parce que le pays France est un pays définit, avec des frontières, avec une histoire, une législation, qui a fait de toi et moi des français.
    Les frontières sont ce qui définit celui qui appartient à un groupe, aux autres qui n’en font pas partie.
    Et cela en va ainsi de la terre entière.

    Nous aimons tous Londres, mais nous ne devons pas oublier que Londres est la capitale d’une nation et qu’à moins d’avoir le passeport de cette nation, nous ne sommes que des invités. Et chaque pays doit pouvoir maitriser son destin tel qu’il l’entend.

    J’ai du mal à comprendre pourquoi nous en tant que français, ou italiens, ou espagnols, ou d’autres nations européennes, aurions eu notre mot à dire dans ce référendum.

    Que je sache lorsqu’un référendum se passe en France sur l’avenir du pays, ce sont les français qui sont consultés. Quoi de plus normal.

    Les britanniques ont voté démocratiquement, ce vote doit être respecté et c’est à nous, citoyens d’autres nations de l’UE de nous adapter.

    Il n’y a pas de raison de paniquer donc il faut raison garder.

    Personnellement je ne m’intéresse pas aux référendums des italiens, espagnols, portugais, britanniques, et j’en passe car je ne suis pas citoyen de ces pays, libre à eux de décider de leur destin.

    Il nous est facile puisque nous adorons Londres de croire que nous faisons partie de cette capitale mais nous oublions facilement que ce n’est pas le cas. Nous prenons les bons côtés de cette ville car nous sommes globalement choyés mais nous oublions qui nous sommes. Nous sommes français et eux sont anglais, l’Angleterre et la France sont deux nations souveraines à l’intérieur de deux frontières.

    Chacun doit pouvoir être libre de ses choix.

    Et comme dit le proverbe, « si jeunesse savait, si vieillesse pouvait »

    • Merci pour ton commentaire!
      Il est vrai que chacun à son vécu et réagi differemment au résultat de ce référundum. Et puis c’est l’expression de la démocratie.
      Après je dois avouer que depuis plusieurs années je me questionne sur l’obtention d’un passeport britannique. Et ce referundum à ravivé cette reflexion.
      Sinon je suis bien d’accord, pas besoin de paniquer mais c’est tout de même (pour moi au moins) la fin d’une époque!

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