Jeudi soir : une colère puissance 10 sur l’échelle de Richter

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Jeudi soir, je suis fatiguée. Je me dépêche pour aller récupérer mon fils de l’école. Je suis en retard. J’ai sa trottinette sur une épaule et mon ordinateur portable sur l’autre. Mon fils me gronde parceque je suis en retard « I thought you’ll never come ». Je lui souris tendrement et l’embrasse sur la joue. « tu sais bien que je ne te laisserai jamais ici tout seul. Je suis désolée d’être en retard »

Le personnel de l’école nous met gentiment dehors. Mon fils demande d’appuyer le bouton pour ouvrir la porte. Il est hors de portée des enfants. J’ai mal au dos, je suis crevée. Je lui réponds « pas ce soir mon chéri, demain » et j’appuie sur le bouton. Erreur fatale ! Ne jamais contrarier un enfant fatigue et affame. Mon fils se jette par terre et hurle « you cheated my, you pressed the button ». Je jette un oeil à ma montre rapidement : 18.25. Je sais que ça va être une colère énorme. Ça en a tous les signes et j’ai choisi de les ignorer… Grosse erreur – ENORME erreur. Le personnel de l’école ferme la porte et me dit au revoir.

Je suis assise sur un banc dans le parc à coté de mon fils. Il se roule encore par terre. J’essaie de lui expliquer calmement qu’il pourra appuyer le bouton demain mais que là… il faut qu’on rentre. Il me regarde intensément et part dans la direction opposée. Je le suis ; mon fils se retourne et me crie dessus « don’t follow me ». Je lui réponds «  tu as 4 ans tu ne peux pas partir tout seul comme ça »
« I’m not four, I am seventeen and I can go where I want ». La joggueuse qui nous dépasse est morte de rire à la vue de ce petit garçon aux joues roses et aux larmes de crocodile hurlant qu’il a 17 ans. Moi ça ne me fait pas rire. J’ai les nerfs à fleurs de peau, je commence à lui parler en anglais (il comprend mieux) « you’re not 17, you are 4 years old and you are going home NOW »

Il s’enfuit vers l’épicerie du coin. Je le suis. Apres 5 minutes à jouer cache-cache entre les rayons chips et légumes, je le tacle pour l’immobiliser devant les frigos des plats préparés. Je fixe du regard curry et chicken tikka masala en pensant « P****n de bouton, P****n de bouton, ». Mon fils continue à se débattre, il arrive à jeter ses chaussures hors de portée. Quelques personnes s’arrêtent et me demandent s’ils peuvent m’aider. Je les remercie ils essaient de parler à mon fils mais rien à faire. Il est boqué en mode « full blowing tantrum ». J’essaie d’attraper ses chaussures, mon fils s’échappe dans la rue.

Me voilà donc à courir après un gamin de 4 ans en chaussettes, ses chaussures dans les mains. Sa trottinette sur une de mes épaules et mon ordinateur portable sur l’autre.  Il fait nuit, il fait froid, il y a du vent et il hurle « don’t follow me, you cheated me. You cheated me, you pressed the button! »Apres quelques minutes il retourne à l’épicerie et moi je le plaque à nouveau devant le rayon des plats préparés. Je suis calme mais là j’en ai marre (comme le personnel de l’épicerie d’ailleurs). Assise en tailleurs, je réfléchis… Qui est-ce que je pourrais appeler à la rescousse ? Comme ça je pourrais rentrer tranquillement, prendre un bain et boire un verre de vin ». J’ai toujours mal au dos, mon fils hurle toujours aussi fort. J’en ai marre je le laisse partir. Et le revoilà qui part en chaussettes pfff.

Je le plaque dans la rue devant un magasin et le préviens. On reste ici jusqu’à ce que tu arrêtes de pleurer. Je suis assise par terre, je pose sa trottinette et mon sac d’ordinateur. Il continue à pleurer au bout de quelques minutes les pleurs perdent en intensité. Je recommence les négociations. Je lui parle du diner, des pates. Il me regarde et me dit « I hurt maman, I hurt ». Tu veux des bisous magiques ?
« Oui ! » Alors je commence à l’embrasser sur les bras et les jambes. Une voiture s’arrête, le conducteur me demande si je veux qu’il appelle une ambulance. Je souris et lui reponds « non, ca va. C’est juste une grosse colère.”  A cet instant  précis, j’ai l’impression d’être la pire des mères de Londres. Le monsieur souris poliment et me répond qu’il comprend, il a des enfants…

La colère finit enfin. Je regarde ma montre 19.05 : 40 minutes de colère, je suis crevée. Mon fils monte sur son scooter, ses joues rougies par la colère et ses yeux encore plein de larmes. On marche dans le silence vers la maison. J’ouvre la porte et je vais m’asseoir dans le noir sur le canapé. Je me prends la tête dans les mains pour récupérer. Mons fils approche discrètement, m’embrasse sur les joues et me dit  « I am sorry maman« .

6 réponses à “Jeudi soir : une colère puissance 10 sur l’échelle de Richter

  1. Je ne suis pas passée ici depuis longtemps (et toi non plus vue la date de publication) mais chaudoudoux !
    J’imagine très bien la scène pour l’avoir vécue avec mon aîné quand il était plus jeune …

  2. C’est dur les grosses coleres, j’ai aussi un petit garçon de 4 ans qui comprend mieux l’anglais que le francais ?.
    Bravo pour ton sang froid et ton calme, sans peter un plomb ou hurler – 40 minutes c’est très long!!!

    • Aaah merci! Et ça fait du bien d’entendre que je ne suis pas la seule!

      • Oh non, on est tous dans le meme bateau ?! Pour m’aider, une maman m’a recommande de lire ‘Calm parents, happy kids – the secrets of stress-free parenting’ ? – moi je trouve que tu fais du très bon boulot avec ton fils et j’adore lire ton blog!

      • Les revues sur amazon sont excellentes! Je vais peut-être aller voir si mon libraire l’a… Sinon merci, je crie raremment mais il sait « how to push my buttons »

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